2021, On sème I On s’aime
Après une année pas rose, voire carrément morose, on ne va pas se raconter de salade, le moral est au plus bas. Au ras des pâquerettes. Elle nous aura donné du grain à moudre cette gangrène que tout le monde haie. A tout bout de champ la même rengaine. On a beau lui souffler qu’elle ne doit pas rester plantée là, qu’elle est haute comme trois pommes, qu’elle doit se tailler, qu’elle nous prend le chou, elle persiste à rester terrée là, droite comme un piquet, et dure de la feuille. Et en plus elle se fend la poire à nous voir trembler comme une feuille, nous raccrocher aux branches, nous faire manger les pissenlits par la racine et chercher une aiguille dans une botte de foin.
Et dès qu’on pense avoir enfin le champ libre, pas de pot, nous voilà encore rattrapés à la volée, rangés en rang d’oignons et voilés. Au mieux, on poireaute en regardant des navets à l’eau de rose. Au pire, on cherche comment faire du blé et de l’oseille en ayant les deux pieds dans le même sabot.
A force de remuer ciel et terre, on finira bien par lui couper l’herbe sous le pied avec notre bouillie bordelaise.
En attendant, on sème quelques graines d’œillets des poètes, « œil barbus » colorés et parfumés, tout en implorant nos grands dramaturges et philosophes de nourrir nos potagers intérieurs de sagesse. On s’enracine avec Jean Racine. Et on compte sur le conte de Voltaire pour réapprendre ce qui compte. « Cultivons notre jardin ». Candide ou L’Optimisme.
Voilà pourquoi cette année, on prend soin de nos petits cœurs d’artichauds et on s’autorise à être fleur bleue. On sème et on s’aime. C’est la meilleure Terre Happy.
Ail love you.
Ps : retrouvez-nous tous les mois pour suivre l’évolution de nos petites graines.