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Illustration de la lettre D pour le mot démolition dans les tons bleu pour l'alphabet d'architecte de l'agence bordelaise Bulle Architectes.

● ALPHABET D’UN ARCHITECTE ●

D comme démolition.

Démolition rime avec émotion.
Difficile parfois de faire face à cette injonction avec conviction quand vient le temps de l’ablation. Difficile de trouver la motivation face à l’interposition, à l’agitation, à la déception de générations.
Difficile d’orchestrer cette mutilation, cette amputation sans penser à l’heure de sa création.
Difficile de ne pas ressentir de palpitations quand vient l’heure de la déflagration.

 

 

Faut-il démolir des logements ?
La crise actuelle du logement, notamment dans les grandes villes, en fait une question centrale de la politique sociale. Autour d’elle s’affrontent partisans et opposants.

Pour les uns, l’état des logements, leur situation géographique, leur absence d’intégration urbaine et leur ghettoïsation rendent indispensable leur démolition. Pour les autres, la difficulté de se loger dans les grandes villes, l’augmentation du nombre de mal logés, l’insuffisance de constructions et de logements disponibles plaident en faveur de leur maintien.
Les premiers veulent résoudre le « problème des banlieues » en prônant la mixité. Les seconds veulent résoudre le « problème du logement des exclus » en mobilisant tous les logements disponibles.

Si la démolition s’impose parfois en raison de l’obsolescence avérée du bâtiment ou de problèmes sérieux liés à sa sécurité, les opérations les plus controversées sont souvent celles où la qualité du bâti n’est pas remise en question. Les habitants reconnaissent d’ailleurs volontiers les qualités de leur logement. « Grands, spacieux, sains, beaux, lumineux, aérés, bons équipements », sont des qualificatifs fréquemment employés.
Pour eux la démolition peut être mal vécue et faire l’effet d’une bombe (obligation de déménagement, attachement à leur immeuble, à leur quartier, à leur lieu de naissance, à leur enfance).

Existe-t-il des alternatives à cette radicalisation ? L’hybridation est une piste pour recomposer le tissu urbain. Les « grands ensembles » comportent des espaces vides en quête de qualification et de clarification, par la voie de la résidentialisation, et de nouvelles constructions.  Les immeubles conservés et réhabilités peuvent servir à de nouveaux usages ou bien de points d’appui pour de nouvelles émergences. La mixité sociale peut être retrouvée au travers de la mixité programmatique et de l’implantation d’espaces collectifs en cœur d’ilot.

Et lorsque la démolition est inéluctable, à défaut de donner un second souffle au bâtiment, faisons en sorte de donner une seconde vie aux matériaux. Démolition rime alors avec déconstruction.

 

 

C’est l’exercice auquel nous nous prêtons actuellement pour le projet, combinant démolition et réhabilitation, de la résidence Epicéa à Bordeaux, pour le compte de Domofrance.
L’enjeu est de répertorier et d’analyser les éléments présents sur l’existant avant la démolition afin de les exploiter au mieux sur la nouvelle construction. Cela nécessite de la rigueur dans la méthodologie et de l’anticipation dans la logistique. Contrôle qualité, respect des normes actuelles, dépose des éléments sans les endommager, stockage… autant d’éléments à prendre en compte pour mener à bien cette mission de réemploi.

Pour ce projet, nous avons proposé de déconstruire et de réemployer l’ensemble des fenêtres de la tour qui sera démolie au profit de celle qui sera réhabilitée. Celles-ci ne pouvant être réutilisées dans leur fonction initiale pour cause de non-conformité aux normes d’étanchéité à l’air, elles seront utilisées en tant qu’écrans acoustiques sur la partie haute des futurs balcons de la tour réhabilitée. La sécurité sera assurée par des garde-corps neufs sur lesquels reposeront les fenêtres recyclées.

Nous sommes convaincus que tous ensemble, nous pouvons faire évoluer la démolition vers une action responsable et en tirer des bénéfices (recyclage et réemploi).

Difficile de ne pas faire preuve de motivation et de dévotion quand il s’agit de transition et de reconstruction !

 

 

N’oublions pas notre leitmotiv : « Qui veut faire quelque chose trouve un moyen ; qui ne veut rien faire trouve une excuse ».

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