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Illustration de la lettre F pour le mot façade dans les tons bleu pour l'alphabet d'architecte de l'agence bordelaise Bulle Architectes.

● ALPHABET D’UN ARCHITECTE ●

F comme façade.

 

La façade représente l’élévation d’un bâtiment et elle est souvent dessinée selon une composition qui contribue à lui donner son caractère et son identité. Elle appartient autant au bâtiment qu’à la rue, au quartier, à la ville dans laquelle elle s’insère.

Véritable trait d’union entre l’espace public et l’intérieur de l’édifice, elle cristallise des enjeux forts dans la conception d’un bâtiment.
Cette paroi entre la sphère publique et la sphère privée, cette enveloppe à deux faces n’est pas sans rappeler la fonction de l’habit qui protège le corps du froid, des intempéries, des vues. On parle d’ailleurs d’enveloppe, de peau extérieure, de re- « vêtement » de façade et de corps de bâtiment. La façade, telle un vêtement, possède un envers, un endroit, protège, couvre, peut être légère et transparente ou au contraire lourde et opaque.

 

Le registre du tissu se poursuit également au travers du voile très présent dans l’architecture de façade. On parle de mur-rideau, de voile de béton, de mur voilé et on inaugure certains bâtiments en levant le voile.
Plus encore que le vêtement le voile est la matière de l’entre-deux.
La Curtain Wall House à Tokyo au Japon est une réalisation représentative. L’architecte Shigeru Ban a réinterprété, pour lui-même, la maison traditionnelle littéralement au travers d’un rideau en tissu sur deux étages. Sacré clin d’œil teinté d’humour à Mies van der Rohe, inventeur du mur-rideau.

Plus d’actualité (les travaux ont débuté et s’étaleront jusqu’en 2026), Rudy Ricciotti recouvre le Musée des Tissus de Lyon d’un spectaculaire drapé minéral constitué d’une série de ventelles verticales en BFUP (béton de fibres à ultra hautes performances). A l’intérieur de l’ilot, le drapé se prolongera dans une version en verre puis dans une version textile, avec un revêtement en tissu de haute technicité, développé par une société de l’industrie du tissage héritière de la mécanique Jacquard.

A Paris, Jean Nouvel, joue quant à lui le thème du voile et de la transparence avec la Fondation Cartier. Il imagine un écran de verre posé à l’aplomb du trottoir prolongeant la perspective du boulevard Raspail. Façade d’une boîte en verre ? Non, vraie fausse façade et véritable palais des glaces. Cette immense carte de visite et support de communication se métamorphose selon les heures du jour et de la nuit. Le bâtiment est non accolé et en retrait.

Quant à l’agence MVRDV, elle réinvente la façade du magasin Chanel d’Amsterdam en remplaçant les briques traditionnelles par des briques en verre. Le style architectural initial est préservé et magnifié (et les articles presque à portée de main !).

Si le registre du textile est source d’inspiration, le langage de la peau et de l’épiderme est également une ressource pour les architectes. La peau, constituée de plusieurs couches et de cellules, est en perpétuelle évolution. Elle réagit à son environnement, elle a la chair de poule, elle pâlit, elle rougit, elle bronze, elle sue, elle mue, elle flétrie…
Elle inspire des façades organiques et sensorielles.
La façade expérimentale « Aegis Hyposurface » de Mark Goulthrop illustre ces pistes de recherches. La surface, constituée de panneaux métalliques, se déplace en réponse à des mouvements, des sons ou des lumières extérieurs. La façade, tout comme le corps humain, fait l’expérience des sens et des perceptions qui lui sont associés. Grâce à l’ère numérique, le bâtiment devient ainsi une entité vivante et interactive.

La célèbre façade Sud de l’Institut du Monde Arabe, développée par Jean Nouvel, relève aussi le défi de mêler technicité et vivant. Ses 240 moucharabiehs mobiles ont été conçus pour s’ouvrir et se fermer toutes les heures, en fonction des variations de la lumière grâce à un mécanisme d’horlogerie extrêmement sophistiqué.

Les façades végétales actuellement développées cherchent également ce rapport à la vie, cette proximité sensuelle, tactile, odorante tout en étant vertueuse, voire dépolluante, et en connexion avec la ville et la nature.

 

Vous l’aurez compris, la façade ne peut être sourde au contexte urbain, culturel et historique dans lequel elle s’insère.
Quels que soient sa forme, ses matériaux, ses couleurs, elle donne une atmosphère et surtout raconte une histoire.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons tant de plaisir à nous promener et à voyager. A Bordeaux la pierre blonde, à Toulouse la brique rouge, à Santorin les enduits blancs, à Lisbonne la faïence colorée…

 

Toute cette diversité est un vrai spectacle. Merci à tous les architectes d’œuvrer à tant de richesse.

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